ALLEN Woody - (Allen Stewart Kônigsberg, dit) (né en 1935)

Réalisateur, scénariste et acteur américain né à New York. À travers son humour délirant et l'omniprésence des thèmes métaphysiques dans ses films s'exprime un profond scepticisme ou agnosticisme. Cet état d'esprit prédomine également dans ses livres, et notamment dans Without Feathers (1972 ; traduction française : Dieu, Shakespeare et moi, Paris, 2001). On y trouve l'expression du doute, à travers la dérision ; « Crois-je en Dieu ? J'y ai cru jusqu'à l'accident de ma mère. Elle a glissé sur un rôt de veau ce qui l'a rendue neurasthénique ...

Pourquoi cette femme jeune était elle encore affligée ? . . . Et comment pourrais-je croire en Dieu alors que je viens de me coincer la langue dans le ruban de ma machine à écrire électrique? Le doute me ronge. Et si tout n'était qu'illusion? Si rien n'existait? Dans ce cas, j'aurais payé ma moquette beaucoup trop cher. Si seulement Dieu voulait m'adresser un signe de son existence, par exemple en déposant un bon paquet de fric à mon nom dans une banque suisse ! »

Dans l' « étude de divers phénomènes psychiques », le problème de l'immortalité de l'âme est traité avec la même désinvolture : c'est l'histoire de Dubbs, dont le frère, mort depuis quatorze ans, lui apparaît : « Dubbs demanda à son frère de quoi avait l'air "l'autre monde", et son frère lui répondit que cela ressemblait un peu à Cleveland. Il dit qu'il était revenu pour transmettre à Dubbs un message, selon lequel c'était une grave erreur de porter des chaussettes écossaises avec un costume bleu marine croisé. » Quant aux Écritures, elles sont parodiées dans un sens peu favorable à la foi. Ainsi l'épisode dans lequel Dieu demande à Abraham de sacrifier son fils est une illustration de la bêtise des croyants, qui exécutent les préceptes religieux sans réfléchir : « Seigneur [dit Abraham], on ne sait jamais quand tu plaisantes. Le Seigneur tonna : "Aucun sens de l'humour ! C'est incroyable ! - Mais cela ne prouve-t-il pas que je t'aime? J'étais prêt à tuer mon fils unique pour te montrer mon amour." Et le Seigneur parla, en sa grande sagesse : "Ça ne prouve qu'une chose: que des crétins suivront toujours les ordres, si imbéciles soient-ils, pour peu qu'ils soient formulés par une voix autoritaire, retentissante et bien modulée". »

 

Et finalement, la question de Dieu est-elle si importante ? « Non seulement Dieu n'existe pas, mais essayez de trouver un plombier pendant le week-end ! »

Bibliographie: G. Valens, coord., Woody Allen, Paris, 2008; F. Maray, WoodyAllen, Little Big Man, Paris, 2010.

 "Les religions"