ONZIÈME DEGRÉ

BRANCHE DU MESNIL DE LA FRISON

ONZIÈME DEGRÉ

EMMANUEL DE HENNEZEL, ÉCUYER

SEIGNEUR DU MESNIL-SUR-VAIR


D'après la tradition locale et la généalogie officielle, ce gentilhomme était le fils aîné de Charles de Hennezel, écuyer, seigneur du Mesnil-sur-Vair, et de Magdeleine de menu (voir chapitre 34).

Nous n avons pas trouvé d'acte prouvant cette filiation, et, comme on l'a dit plus haut, on peut se demander pourquoi Emmanuel ne figure pas dans le contrat de vente des biens de Senennes, d'Anizy en nivernais et de la Grande Catherine que font en 1706, Magdeleine de Menu et ses enfants, Anne-François-Joseph, et Anne Claude. Tous deux étaient majeurs et héritiers de leurs père et mère et de leurs aïeux paternels (8 mars 1706). Par ailleurs, nous ne connaissons presque rien de ce gentilhomme. Son nom et celui de sa femme Françoise Bechamp, demeurant au Menil-sur-Vair, nous sont révélés uniquement par le contrat de mariage de leur fils Philippe Emmanuel (28 mai 1788). La généalogie officielle dit qu'il fut lieutenant de la garde de S.A.R. Faut-il supposer que ces fonctions l'obligèrent à passer son existence loin du pays natal....

Il y eut en lorraine au moins deux familles Béchamps ou Belchamps, bien dis­tinctes. L'une établie en verdunois, l'autre originaire de Mirecourt. Quatre Be­champs et trois Belchamps figurent dans l armorial général de 1696.

La femme d'Emmanuel du Mesnil pourrait bien être de la mémé famille que Nicolas Belchamps natif de Mirecourt, médecin du duc Charles IV et que ce prince anoblit en 1631. Les armes des Belchamps de Mirecourt étaient, d'azur à une couronne de lauriers ou chapeau de triomphe d'or, d'ou sortent sept épis de froment de même. Le champs chapé d'argent à deux croix alaisées de gueules et le cimier, le chapeau de l'écu.

Emmanuel de Hennezel et François Bechamps eurent au moins un fils, Philippe Emmanuel de Hennezel, chevalier, qui suit.

 

DOUZIÈME DEGRÉ

PHILIPPE EMMANUEL DE HENNEZEL DU MESNIL

DIT DES MENUS, ECUYER PUIS CHEVALIER


Au dire de son acte de décès, ce gentilhomme naquit au Mesnil-sur-Vair vers 1707. Par ailleurs, un arrêt de la chambre des comptes de Lorraine, en faveur des propriétaires de la Frison, l'appelle « Philippe, Emmanuel de Hennezel, dit des menus écuyer ». Cela permet de supposer qu'il était l'un des petits fils de Charles, seigneur du Mesnil et de Magdeleine de Menus (20 septembre 1776).

Philippe dut passer sa jeunesse au service, il est qualifié, « ancien briga­dier des cadets de Lorraine » dans l'acte de son troisième mariage (26 mai 1788). Il tirait de cette fonction un certain prestige. Il avait épousé en premières noces, avant 1788, Anne Rose de Bonnay de Belvaux, fille de François, seigneur de Belvaux, demeurant à la Grande Catherine et de Charlotte de Thiétry de Saint-Vaubert.

Cette première femme mourut bientôt, après avoir donné le jour à au moins trois enfants.

Au début de l'automne 1744, Philippe qui n'avait que trente sept ans contracta une seconde alliance, il épousa, en l'église d'Attigny, Marie Josèphe de Hennezel de la Bataille, l'aînée des huit enfants de Jean-Charles, écuyer, sieur de la Bataille et, de Marie Françoise de Bigot de la Frison (23 septembre 1744). De deux ans plus jeune que son mari cette seconde épouse était née à Anor, en 1709, et avait été présentée au baptême en l'église de cette petite ville, le ler août, par Nicolas Pesteau, le curé du lieu et dame Marie Jacqueline Polchet du Pont de Sains. Son père venait travailler fréquemment en Hainaut. Il tenta même d'y exploiter une verrerie de « verre en table » destinée à concurrencer celle de son parent Nicolas d'Ormois. Mais « M. de la Bataille se dérangea si fort dans ses affaires « qu'après la mort de sa femme, il dut renoncer à sa succession et que ses filles se trouvèrent sans dot ».

Marie-Josèphe atteignait trente cinq ans sans avoir trouvé de mari. Pour toute fortune, elle possédait quelques droits indivis dans la verrerie de la Frison, venant de ses grands-parents de Bigot. C'est la raison pour laquelle Philippe et sa femme s'installèrent dans ce hameau et y habitèrent longtemps.

En 1749, le gentilhomme est témoin en l'église de Passavant, du mariage de sa belle-sœur Antoinette âgée de vingt ans, qui épouse un marchand de la localité, Nicolas Sachet, de vingt ans plus âgé qu'elle. Il signe « P. Dehennezel » (11 octobre 1749). On retrouve sa signature au bas du contrat de mariage de Marguerite de Bonnay de Beaussicaut, cousine germaine de sa première femme, qui épouse Castal de Massey, sieur d'Henricel (6 juillet 1751). A la fin de 1755, à Martinvelle Philippe « rend les derniers devoirs à sa cousine Léopold de Bigot de Clerbois, décédée à la Grande Catherine, le 26 décembre 1755. Il signe « P. de Hennezel ». Dix jours plus tard, il se retrouve dans le même cimetière pour assister à l'in­humation de sa fille Françoise (5 janvier 1756) ».

En 1759, son fils Claude-Hyacinthe, âgé de dix neuf ans, meurt à la Frison, dans la maison venant de ses grands-parents de Bigot. L'inhumation a lieu a Attigny (16 juin 1759). Au début de 1762 dans la même église, Philippe marie son fils aîné avec Brigitte de Massey (12 janvier 1762). L'année suivante en l'église de Martinvelle, il est parrain de l'aîné de ses petits-fils, né à la Grande Catherine. On donne a l'enfant les prénoms de l'aïeul, Philippe Emmanuel. Il si­gne « P. Dehennezel » (19 aout 1763).

A partir de cette époque, son ménage revint habiter la Frison, verrerie où le gentilhomme se trouve maintenant, du fait de sa femme, l'un des copropriétaires du domaine. Il y demeurera jusqu'au décès de Marie-Josèphe, en 1781. Au cours de ces années, on retrouve Philippe à la plupart des cérémonies familiales qui ont lieu dans les environs. En 1765 à Claudon, il assiste au baptême d'une fille de son neveu Jean-François, sieur du Mesnil de la Grande Chartreuse (10 juin 1765). Au début de l'automne 1768, le gentilhomme se rend à la hutte avec ses nombreux parents pour signer le contrat de mariage de son cousin issu de germain paternel Léopold de Hennezel de Thiétry sieur de Bazoilles avec damoiselle Desaunet, fille du maître de la manufacture royale d'acier (4 octobre 1768).

Au printemps de 1775 « le sieur Philippe Emmanuel de Hennezel, chevalier; demeurant à la Frison « signe le contrat de Charles-Castul de Massey (7 mai) et se trouve l'un des témoins de la mariée, le jour de la cérémonie en l'église de Hennezel (21 mai 1776).

A l'automne, il bénéficie de l'arrêt de la chambre des comptes de Lorraine, confirmant dans leurs droits tous les propriétaires de la verrerie de la Frison.

Cet acte le dénomme « Philippe Emmanuel de Hennezel, dit des menus « 20 septembre 1776). Au cours de l'année 1778 il marie à Leppenoux son fils Léopold (22 juin). Six mois plus tard, il est parrain en l'église de Claudon, de la fille de ce même fils, née prématurément (17 décembre 1778). A la fin de l'année 1781 sa femme meurt à la Frison, âgée de soixante dix ans. Elle est inhumée le lendemain, en l'église d'Hennezel (2 décembre 1881). Sept ans plus tard, ne pouvant se résigner à vivre seul, le vieux gentilhomme (il a quatre vingt et un an) se marie pour la troisième fois. Au printemps de 1788, il épouse une contemporaine, d'un an moins âgée que lui, Jeanne Françoise du Houx de Clairey (née le 20 avril 1709) fille de Georges du Houx, écuyer, sieur de Clairey et de Jeanne Jacquot. Sans aucune dot, mademoiselle du Houx était restée longtemps sans trouver de ma­ri. Six ans plus tôt, elle avait convolé avec un -bas officier- ancien officier invalide nommé Pierre Lambert, originaire d'Ormoy et elle l'entoura de soins jusqu'à sa mort. Ce brave homme s'était éteint à Clairey en septembre 1787. Après neuf mois, alors que ses quatre vingt ans étaient sonnés, Mme Lambert épousa son vieux voisin de la Frison. La bénédiction nuptiale leur est donnée dans l'église d'Hennezel. Malgré le grand âge des maries, la noce fut nombreuse et gaie. Le contrat qualifie le marié « chevalier, ancien brigadier des cadets de Lorraine » et le dit originaire de Mesnil-sur-Vair. L'acte rappelle les deux premiers mariages de l'époux qui signe « P. de Hennezel » (26 mai 1788). Cette union dura trois ans. La vieille dame mourut la première à Claudon (30 juin 1791). Son mari se retire chez sa belle-fille, à Thietry. Trois ans plus tard, en pleine terreur, s'éteignait, dans ce même lieu, « Philippe Emmanuel Hennezel, manœuvre, âgé de quatre vingt sept ans, né à Mesnil-sur-Vair ». Le décès est déclaré par la ci­toyenne Élisabeth Hennezel, belle-fille du défunt, qui signe « Élisabeth Dehennezel » et le citoyen Nicolas Finance (13 avril 1794).

Philippe de Hennezel avait eu cinq enfants de ses deux premiers mariages.

Du premier lit,

1 - Joseph de Hennezel, chevalier, sieur de la Rochère en partie, qui suit.

2 - Charles, Hyacinthe de Hennezel, chevalier. Il naquit vers 1740 et mourut à la Frison, âgé de dix neuf ans (16 juin 1759).

- Françoise de Hennezel. Elle mourut enfant à la grande Catherine et fut inhumée dans le cimetière de Martinvelle (le 5 janvier 1756).

du second lit,

4 - Léopold de Hennezel, chevalier, seigneur de Thiétry, auteur du rameau de Leppenoux, qui suivra (chap.34)

5 - Nicolas de Hennezel, chevalier, sieur de Thietry. Il dut naitre vers 1754 à la Frison où son père s'était fixé après son second mariage. Il embrassa le métier des armes et servit dans la cavalerie, jusqu'au jour où il se décida a fonder un foyer, au début de juillet 1781.

« Le sieur Nicolas de Hennezel, dit de Hennezel, cavalier de la compagnie de Comminges, au régiment de Berry » obtient un congé définitif comme gentilhomme. Le certificat que lui délivre à Épinal son chef de corps comporte le signalement du jeune homme, vingt sept ans. Taille, cinq pieds, six pouces, deux lignes, cheveux et sourcils châtains. Yeux, gris et gros, nez, long et gros, bouche moyenne. L'acte est contresigné par le comte de Rieux, commandant le régiment, le commissaire des guerres de Rozières et le major le Coudrez (3 mars 1781).

Au milieu de l'été Nicolas épouse Élisabeth de Hennezel de Bazailles de Thierry, fille de Nicolas, seigneur de Bazailles, écuyer, sieur de Thiétry, orpheli­ne de père et de mère. Cette cousine de treize ans plus âgée que Nicolas, avait eu sa jeunesse ternie par une aventure. A l'âge de vingt deux ans, lui était née « d' un père inconnu » une fille nommée Françoise. Cette enfant que n'avaient pas voulu reconnaitre ses grands-parents, était âgée de dix neuf ans. Depuis la récente liquidation de la succession paternelle, Élisabeth se trouvait être la principale héritière de Thietry. Elle y vivait seule. Il fallait un homme pour s'oc­cuper du domaine et de la verrerie. Au milieu d'août, Mlle de Thiétry épouse en l'Église d'Hennezel son cousin Nicolas. Le marié a pour témoins ses frères, Joseph et Léopold. La mariée, son frère Nicolas, sieur de la Frison et son beau-frère de Corbion, avocat en parlement au bailliage de Darney. Les époux signent « N. Dehennezel et Élisabeth Dehenezelle » « 13 aout 1781 ».

Le ménage s'installe à Thiétry, dans la partie de la maison familiale. Deve­nu le principal maître de la verrerie, Nicolas en prend le nom. En 1788, il est témoin des troisièmes noces de son père (26 mai 1788). Au printemps de l'année suivante, il vote à Darney avec la noblesse du bailliage (15 mars 1789). Malheureusement l'année suivante, la mort le terrasse prématurément. Il a quarante ans dit son acte d'inhumation (27 avril 1790). Sa veuve recueillit son beau-père veuf pour la troisième fois. Elle termine ses jours à Thiétry, vingt deux ans plus tard, âgée de soixante huit ans (20 décembre 1812).

Elle avait eu deux filles.

1 - Charlotte-Élisabeth de Hennezel de Thiétry, dite Lolotte, née le 7 mai 1783. Après la mort de sa mère, elle se trouva seule héritière, sa sœur cadette Marie-Rose, étant morte enfant. Elle obtint de sa demi-sœur Marie-française (la fille naturelle que sa mère avait eu avant son mariage), le désistement pur et simple de ses droits à l'héritage maternel. Cette sœur était, à cette époque, la femme d'un huissier, Nicolas, François Hocquart demeurant à Mirecourt (17 mars 1813). '

Charlotte de Thiétry resta vieille fille. Elle était toujours dans la partie sud de la maison qui lui appartenait en propre, ainsi que le jardin allant jusqu'au chemin de la Hutte. La partie nord de l'habitation et le jardin à l'ouest restaient la propriété de M.et Mme de Finance de Senennes. Un arpentage des lieux puis leur bornage, délimite les deux propriétés (10 juin 1827).

Après avoir atteint à soixantaine, mademoiselle de Thiétry tomba gravement malade. Sentant sa fin proche, elle fait appeler le notaire Martin de Darney, pour lui dicter son testament. Les héritiers sont des cousins et cousines. Elle répartit entre eux le plus consciencieusement qu'elle peut, sa modeste fortune. Elle désigne comme légataires universels les chevaliers de Bazailles de la Frison. A l'aîné, François Léopold, elle attribue par préciput et hors part sa de­meure et ses biens de Thietry. A ses autres cousins et petits cousins, elle fait des dons en espèces (2 novembre 1843). Mademoiselle de Thiétry mourut un mois plus tard, la veille de noël. On l'inhuma dans le cimetière d'Hennezel.

2 - Marie-Rose d'Hennezel de Thietry. Née à Thiétry le 11 mars 1786, elle fut baptisée le lendemain en l'église d'Hennezel. Parrain, son oncle Nicolas de Finance, écuyer, sieur de Senennes. Marraine, dame Louise Desaunet, sa tante paternelle. Cette enfant dut mourir toute jeune.

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