69 - JOURNEE DU SAMEDI, 13 JUILLET 1929


Départ de Monthureux pour Gérardmer où nous devons rester cinq jours. Passé par Bleurville, Mme Varlot me confie une liasse de documents sur la Pille.

Je photographie un grand plat rond en étain de l'époque louis XIII, gravé aux armes de Hennezel, écu à trois glands d'excellentes proportions surmonté d'une couronne à neuf perles et entouré d'un listel en torsade. Ce plat viendrait de la pille...


BOUSSERAUCOURT - LE CORROY


Seconde visite, motivée par le désir de connaitre l'emplacement du Corroy , ancienne seigneurie de la branche d'Ormoy. Le maire, un paysan nommé Paul Collet m'accueille aimablement. Il met à ma disposition ses archives communales.

J'y découvre des actes d'état-civil anciens, concernant Isaac de Hennezel, d'Avil, écuyer, seigneur du lieu par sa seconde femme, Élisabeth Huot, dame de Bousseraucourt. Ce ménage habitait ici à la fin du XVII° siècle.

Sur le cadastre, le maire nous indique l'emplacement du « Corroy », lieu dit qu'il me propose de nous montrer. .

Nous y allons en auto.

Le Corroy n'est plus qu'un ensemble de champs cultivés, situé sur un plateau à un kilomètre environ du village. Au centre, des amas de pierres, en forme de talus et des vestiges de fosses. De larges dalles indiquent l'emplacement de la maison forte décrite dans le dénombrement donné à l'automne de 1602, par notre ancêtre Christophe de Hennezel et du Grandmont,seigneur d'Ormoy et de Godoncourt (22 novembre 1602).

- « En labourant au lieu-dit le Corroy, dit Paul Collet, on y aurait même découvert des sépultures gallo-romaines, des monnaies, des débris de verre et de statues. La tradition veut qu'il y ait eu ici jadis un vrai village, celui de Bousseraucourt ne serait né qu'après la disparition du Corroy... ».

A quatre ou cinq cents mètres, plus au nord, dans le fond du vallon, sur un ruisseau, on aperçoit des ruines, à travers un bouquet d'arbres. C'est le moulin que possédait Christophe d'Ormoy, moulin qui lui occasionna un procès, long et couteux, avec les jésuites de Dole (23 juin 1634).

Au moment de partir, le maire très en confiance, me confie deux cahiers intitulés « Histoire de Bousseraucourt ». Ils sont l'œuvre de l'instituteur, travail de primaire ignorant du vrai passé de la France, l'histoire ne l'intéresse qu'à partir de 1789.


JOURNEE DU 16 JUILLET 1929 ­

HENNEZEL SUR TENDON


Partis de Géardmer en auto, à la recherche des vestiges d'une verrerie et d'un domaine, fondés à la fin du XV° siècle, par guillaume de Hennezel, gouverneur de Bruyères (13 avril 1491).

L'année dernière, j'ai pu identifier ce second Hennezel sur la carte, d'après les noms de lieux, cités dans la charte de fondation accordée par le duc René II et avec l'aide du savant « M. Marichal, conservateur aux archives nationales, qui prépare un dictionnaire topographique des Vosges.

Ce Hennezel est perché au sommet d'un plateau, en lisière de la forêt de Fossard, entre Remiremont et Bruyères, sur la rive droite de la Moselle. L'existence de cette verrerie fut éphémère, vingt cinq ou trente ans. Mais le domaine crée par le gentilhomme, a conservé son nom. Il devint un hameau, indiqué sur la carte d'état-major, il dépend de la commune de Tendon.

Arrêt à la mairie de Tendon pour consulter le cadastre. Hennezelle, c'est l'orthographe du plan, a donné son nom à un canton de la forêt, sur les sections F et G. Les quelques maisons du petit hameau sont figurées à proximité de lieux cités dans l'acte de 1491, le bois de la Housserave ou Housseraille, Renechamp, Blaingoutte etc... Hennezel est un écart du village de Champ des Brayes.

D'après le secrétaire de mairie, il n y aurait plus, en ce lieu perdu dans une gorge sauvage à sept cents mètres d'altitude, que deux maisons. Il craint que nous ne puissions y aller en auto, à cause du manque de vrai chemin.

Décidés à tenter quand même la visite, nous prenons la route de Champ des Brayes, elle grimpe en zigzag sur la pente de la montagne qui surplombe la vallée de Tendon. Ce chemin, montant, pierreux, pénible pour une automobile, devient impraticable après le village de Champ des Brayes. Nous stoppons en bordure d'un pâturage entouré de barbelés qui descend dans la vallée où coule le ruisseau de champ. Un paysan nous montre Hennezel dans le lointain.

- « La-haut à gauche, une tache blanche au pied de la montagne, appelée - la tête de la Violle - qu'on aperçoit à droite en venant du Champ des Brayes. Hennezel a été bâti à la naissance d'un vallon, en forme de croissant, que ceinturent des crêtes boisées. Il n'a plus là-bas qu'une famille. Seuls, ajoute le bonhomme, se risquent quelquefois en auto jusque là-haut des gens de banque, quand ils ont à placer un emprunt ».

Un peu déçu de ne pouvoir atteindre mon but, je prends des photographies du lointain panorama. En redescendant sur Tendon, un autre cliché de ce village, vu a travers les arbres, nous laissera une vision de cette pittoresque vallée.

NOTE DE 1948

Il y a une dizaine d'années, au printemps de 1937, Georges Varlot a pu atteindre Hennezel en auto. Il m'a envoyé un plan et des photographies qui permettent de compléter ces notes.

Mon ami a été très bien reçu par les habitants du lieu, la famille André Begel. Ces gens vivent de la vente de fromages et de pommes de terre, récoltées dans les quelques champs cultivables.

Leur maison est bâtie auprès de la source du ruisseau qui descend vers Champ. Elle est du type des petites fermes ou granges de la Vôge. Sur le fronton de la porte de l'écurie, on lit la date de 1626.

A coté, deux autres maisons inhabitées, servent de granges. Une troisième est complètement écroulée. Dans l'une de ces maisons, Varlot découvre le montant d'une fenêtre à meneaux.

- « D'après la tradition orale, disent les Begel, il y aurait eu en effet, dans la nuit des temps, une verrière au lieu dit - le Fay de Housseraille - qui se trouve un peu à l'ouest, sur la gauche du ruisseau ».

Le père de M. Begel montre en cet endroit, des vestiges de constructions. Il y a trouvé des éclats de vieux verre et des fragments de pierres de four, recouverts de verre fondu sur l'une des faces. A coté, se trouve une petite carrière de sable et un étang minuscule.


EPINAL ET NANCY DU 18 AU 24 JUILLET 1929

En quittant Gérardmer, journée de recherches aux archives des Vosges, à Épinal, en compagnie de Jean Kastener et du capitaine Larose.

Puis séjour à Nancy. Nous logeons, ma fille et moi chez les Edmond des Robert, rue Hermite.

Quatre journées de travail intense aux archives départementales. Retour en automobile à Bourguignon, le mercredi soir 24 juillet, avec l'abondante moisson de documents et de souvenirs glanés au cours de mon quatrième pèlerinage en Lorraine.

DU LUNDI 8 AU SAMEDI 17 JUILLET 1930

SÉJOUR A TROYES


Trois jours chez les Henri de la Perriere à Troyes, ville où vécurent des familles de notre ascendance du coté van der Bach et plusieurs générations de le Noir des Ardennes, ancêtres de ma femme.

Visite de la vieille ville et de ses églises. J'y découvre, ainsi qu'à l'hôtel Dieu, des souvenirs du pèlerinage de notre-dame de Liesse, sur lequel je prépare un grand ouvrage, notamment une statue en bois du XVII° siècle et un curieux pot à pharmacie relatant un épisode de la légende miraculeuse.

Diner, un soir, au château de la Cordelière, chez mon cousin Chandon de Briailles, avec le ménage de mon frère Hervé. Lui aussi est grand amateur d'histoire locale et familiale.

SÉJOUR A VESOUL

Sept journées de chasse fructueuses aux archives départementales de la Haute Saône.

J'y suis accueilli par l'unique employé, un adjudant en retraite qui met un grand empressement à faciliter mon travail. L'archiviste reste invisible. Seul dans un bureau désuet, les recherches sont laborieuses, à cause du classement très insuffisant du fonds.

Achat des tomes d'inventaires imprimés qui me permettent le soir, dans ma chambre à l'hôtel de l'Europe, de préparer les cotes à dépouiller le lendemain. J'y reçois la visite du baron de l'Horne, chercheur érudit qui habite le château de Bussieres-les-Belmont, prés de Fayl-Billot.

Il a réuni sur les familles lorraines, champenoises, bourguignonnes et comtoises, quantité de notes qu'il met obligeamment à ma disposition.

Le dimanche, à pied, au château de Colombe, à l'est de Vesoul, pour faire la connaissance du lieutenant Lyautey de Colombe , de la branche anoblie de la famille du maréchal.

Son adresse m'a été donnée par le savant héraldiste Max Prinet.

Un second séjour à Vesoul sera nécessaire pour continuer mes recherches dans ces archives si mal classées.

 

Autres chapitres

                                                       

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FIN DU VOYAGE AU PAYS DES ANCÊTRES

 

Ce document se terminait par une recherche sur la filiation de Didier II,

 en complément de la généalogie de 1902

Il s'agisait des branches :

de la GRANDE CATHERINE, de BOISVERT, du MESNIL, d'ANIZY et de LEPPENOUX