...Suite de l'article du Monde (décembre 2006)

Né à Port Maria, en Jamaïque, le 7 mars 1936, Perry Henzell se forme à la réalisation cinématographique au Canada. De retour sur son île, il fait plusieurs documentaires, des spots publicitaires, puis réalise son premier long métrage, The Harder They Corne, avec le chanteur Jimmy Cliff dans le tôle principal.

Ce film fondateur va inscrire dans l'histoire du reggae le nom de Perry Henzell, Jamaïcain blanc, comme son ami d'enfance Chris Blackwell, le producteur fer de lance de la reconnaissance internationale de Bob Marley et de la musique jamaïquaine, créateur du label Island Records.

Le scénario s'inspire de la vie d'Ivan Rhying,bandit au grand cœur de Trenchtown, le ghetto de Kingstown, abattu par la police en 1948. On y découvre un monde de producteurs musicaux véreux, de flics pourris, de mafieux du jeu et le petit peuple de la]Jamaïque.
La bande-son, où figurent quatre titres originaux écrits par Jimmy Cliff dont Many River. To Cross et You Gan Get it if You Really Want, inclut d'autres grands noms de la musique jamaïquaine tels que Toots And The Maytals et Desmond Dekker. Elle va être un succès mondial, indépendamment du film qu'elle illustre.

Outre cette réussite, Perry Henzell a notamment écrit une comédie musicale sur Marcus Garvey et le panafricanisme et des livres, dont un excellent roman de politique-fiction, Power Game (en anglais, Ed. Ventana, Los Angeles, 1982). .

PATRICK LABESSE

 

LA LIBERTE DE L'EST (Article de juillet 2002)

 

Pas la moindre dreadlocks dans les cheveux. Dans la voiture, silence radio sur le reggae. Ceux qui s'attendaient hier à voir débarquer au musée d'Hennezel un groupe de rastas, en ont été pour leurs clichés! Même si Jason Henezel, le fils de Perry, arborait fièrement un tee-shirt à l'effigie de... Bob Marley. Chemisette à carreaux, jean lessivé et barbe grisonnante, le patriarche a Quitté son île des Antilles et sa demeure 17e siècle. de Runaway-Bay pour un voyage à remonter le temps. En terre vosgienne. Terre de ses lointains ancêtre...

«Avant 1.448, les d'Hennezel formaient une famille de grand verre. La localité porte d'ailleurs le nom du premier gentilhomme, Jean d'Hennezel », rappelle Bernard Delemontey, conservateur du musée. Dans les vitrines, cinq siècles de savoir-faire dans la plus pure tradition verrière, s'exposent au public.« Ils fabriquaient du verre à vitre et à vitrail! Perry Henezel fait partie de leurs descendants. Son nom a perdu sa particule noble ainsi qu'un N. Une érosion naturelle à travers le temps. ". Le conservateur « bénévole" est intarissable sur le sujet. Perry Henezel via son traducteur et ami le Raonnais Léo Léonard, n'en perd pas une miette. « Je suis certain que c'est de là que je viens ", lâche le Jamaïquain dans une longue inspiration. Une bouffée d'émotion.« J'ai l'impression qu'on est en train de me rendre mon histoire ".

De la canne à sucre à l'écriture

A 67 ans, Perry s'était déjà approprié son passé au travers de nombreuses lectures dont un ouvrage rédigé en hollandais et retraçant l'historique de son patronyme. « Je possède également une bague avec le sceau familial et de l'argenterie". Une carte tirée de sa poche et représentant un blason frappé de trois glands colle parfaitement avec celui conservé dans un sous-verre du musée. Le blason du clan d'Hennezel. Un héritage transmis par-delà les générations. « Ma famille vit dans les Caraïbes depuis quelque 200 ans ". Des aïeux qui ont vécu à Hennezel avant de gagner l'Angleterre puis les Caraïbes et faire fortune dans la canne à sucre. « Mon père à d'ailleurs été très déçu que je ne prenne pas le relais mais moi, je me sentais écrivain ", explique Perry en souriant. L'un de ses manuscrits « Kayne » retrace un peu l'histoire familiale et ses dollars amassés avec l'industrie de la canne. Un autre ouvrage, « Power game ", « une fiction politique traite de la politique en Jamaïque, de la mafia, du trafic de cannabis et de l'influence de Cuba », résume son ami Léo.

Le Vosgien a vécu et travaillé en Jamaïque près de 10 ans aux côtés de Perry Henezel. Dans le cinéma. Notamment comme décorateur. « Un des grands cinéastes du 7e art jamaïcain », assure le Raonnais. Modeste, Perry parlera de « The border they came »', réalisé en 1972 avec un certain Jimmy Cliff, sur l'histoire du reggae. Une suite est d'ailleurs en cours de réalisation. Avant de quitter Hennezel, Perry a tenu à marquer son passage en offrant au musée un livre et un film. Une trace de son passage. Pour les générations futures...

Alain THIESSE

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