18 - BELRUPT       suite...

 

SOMMAIRE

 

Henry I de Hennezel, Sgr de Belrupt au XIV° siècle - En 1549, dénombrements de Christophe I de Hennezel, Sgr de Bonvillet et de Charles de Thysac, Sgr de la Tour de Belrupt - Leurs épitaphes dans l’église XVIII° siècle - Eric de Thysac, gouverneur de Hombourg et bailli d’Epinal, créé baron de Belrupt - Il troque son blason contre celui des anciens sires du lieu - La baronnie adjugée à François du Houx de Viomenil en 1705

Les Belrupt Thysac passés en Silésie - Le château reconstruit au XVIII° siècle - La petite église en 1763.

 

A l'origine de notre histoire familiale, on trouve les noms de Belrupt et de Bonvillet. Ils évoquent les plus anciennes seigneuries des Hennezel. Suivant la tradition, Henry, premier de notre nom, vivant à la fin du XIV° siècle, aurait été seigneur de ces deux villages, c’est ce qu’affirmaient du moins, il y a plus de deux siècles, les généalogistes officiels en faisant sanctionner, par les chambres des comptes de Lorraine, la filiation de la maison de Hennezel depuis 1392. Le dossier de preuves, reconnues bonnes, contenait deux actes de vente dans lesquels notre auteur était dit, Sgr de Bonvillet et de Belrupt (30 mai 1392 et 13 juin 1394). Ces qualités figuraient encore, un demi-siècle plus tard dans le contrat de mariage prouvant le troisième degré de la généalogie (6 juillet 1446). Mais les documents présentés à la chambre des comptes, étaient des copies collationnées, il serait intéressant aujourd'hui, pour étayer cette prétention, de découvrir les actes originaux.

 

Quoi qu il en soit, ces seigneuries étaient aux mains des Thysac et des Hennezel au milieu du XVI° siècle. Dans deux dénombrements qu’il donnait à cette époque à Christine de Danemark, duchesse douairière de Lorraine, Christophe I de Hennezel est qualifié  « Sgr. de Bonvillet et de Belrupt en partie ». Un de ces actes est l’original, il se trouve à Nancy, aux archives de Meurthe-et-Moselle, il est signé et scellé des armes du gentilhomme, un écu penché à senestre, à trois glands et un croissant en chef, timbré d’un casque posé de trois quart, avec des lambrequins (2 janvier et 5 février 1549).

 

A la fin de la même année, son beau-frère, Charles de Thysac, le fondateur de la verrerie de la Bataille, donnait à son tour, à la même princesse, le dénombrement de sa part de la seigneurie de Belrupt (3 décembre 1549). Il s’agissait notamment d’une tour, vestige de l’ancien château féodal, au XVII° siècle. Cette tour fut le chef-lieu de la baronnie qui, des Thysac, passa aux du Houx de Viomenil.

 

Les Thysac, verriers à Belrupt, s’ancrèrent si solidement dans cette seigneurie de la tour, qu’ils finirent par se substituer complètement à l’ancienne race féodale du lieu. Au début du XVII° siècle, Rémy de Thysac, Sgr de Belrupt étant mort, sa veuve Louise de Cherisey, fit l’hommage de cette seigneurie et de celle de Vallois (24 août 1616).

 

Leur fils, Eric de Thysac, colonel de chevau-léger et sergent de bataille du duc Charles IV, puis gouverneur de Hombourg et bailli d'Epinal, ne fut plus connu que sous le nom de Belrupt. Après que Charles IV eut érigé en baronnie en sa faveur sa part de sa seigneurie, il troqua son blason aux trois glands contre celui des sires de Belrupt, d’azur au lion d’argent.

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A la fin du siècle, Charles de Thysac s’intitulait « baron de Belrupt, Bonvillet et Valfroicourt, comte de Monthureux ». Il était l’un des familiers de la cour du duc Léopold. Son alliance avec Catherine de Choiseul lui permit de faire figure de grand seigneur. Ses enfants, nés au château de Belrupt (1685- 1697 et 1701) eurent pour parrains des représentants de la plus haute aristocratie lorraine. L’un deux fut même filleul du prince de Vaudemont et de la princesse Anne de Lorraine.

 

Le ménage menait grand train. Ses dettes s’accumulèrent si bien qu’en 1705 les créanciers firent vendre toutes les seigneuries, même le droit de haute justice à Belrupt. Elles furent adjugées à François du Houx de Viomenil, Sgr de Fauconcourt, beau-frère de Jean de Hennezel du Grandmont (31 mars 1705).

A partir de cette époque, ce gentilhomme se qualifie baron de Belrupt, terre qui resta chez les du Houx jusqu’à la révolution. Au XIX° siècle, il y avait encore des Belrupt-Tissac en Moravie et en Silésie, ils avaient été crées comtes du duché de Parme.

 

Le château de Belrupt fut reconstruit au XVIII° siècle sur les ruines de l’ancien, la vieille tour conservée servit de prison. Sur un plan du temps de louis XVI est figuré, au sud de l’église, le château avec ses girouettes, emblèmes féodaux (21 juillet 1784).

 

Aujourd’hui, les maisons du village s’éparpillent en bordure d’un quadrilatère à l’angle duquel s’élève, sur une légère éminence, l’église entourée de l’ancien cimetière. C’est vraisemblablement au centre de ce carré que se trouvaient le château et la tour. Notre passage rapide dans ce village ne permet pas d’en rechercher les traces.

 

L'église est fort modeste, elle semble plutôt une chapelle, un bâtiment rectangulaire surmonté sur le pignon est d’un clocheton d’ardoises. Elle doit être suffisante pour cette petite paroisse, dont la population n’atteint pas la moitié de celle de Viomenil. Elle a du être reconstruite en 1763, date qui se lit au-dessus du portail.

 

A l’intérieur  aucun détail ne retient notre attention, aucune trace de pierre tombale. Cependant sous les dalles que nous foulons, reposeraient dit-on, les corps de Christophe de Hennezel et de son beau-frère, Charles de Thysac. Un certificat, donné au milieu du XVIII° siècle par le curé de la paroisse, atteste qu’à cette époque, les sépultures de ces gentilshommes existaient encore.

 

La pierre tombale de Christophe se trouvait devant l'autel de la sainte vierge, du coté de l’épître. Elle portait cette inscription en lettres gothiques, accompagnée des armes du défunt :

 

Cy, git. Christophe de Hennezel, seigneur de Bonvillet et Belrupt qui

Trépassa le troisième jour d’octobre mil cinq cent cinquante deux

Prie dieu pour luy.

 

Du coté de l’évangile, en avant d'un petit autel, se voyait au dire du curé, une tombe avec la figure d’un seigneur armé de toutes pièces, avec un sabre et des gantelets du coté droit et du gauche, la figure d’un casque à cinq grilles et autour de cette figure se trouve inscrit :

 

Cy gist Charles de tisac, escuyer et seigneur en ce lieu qui décéda

L’an de notre seigneur mil cinq cent septante quatre au mois de juin

Le dix septième à huit heures du matin.

 

C est l’abbé Estienne, curé de Bonvillet en 1752, qui releva, de façon un peu fantaisiste certainement, ces deux épitaphes, il faut n’en admettre l'authenticité qu’avec circonspection.

 

Un cliché de cette église, pris en bas du chemin qui donne accès fixera son souvenir dans mes dossiers.

 

Nous sortons du village pour gagner Darney. Après avoir traversé la ligne du chemin de fer, voici à droite de la route, à la lisière sud du bois de Genevoivre, et non loin de la Saône, une carrière de grés à ciel ouvert, on en extrait des pierres pour meules. J’en photographie quelques piles, entassées près du chemin. On en tire aussi des dalles et des blocs taillés, comme ceux qui se trouvent sur les demeures que nous avons vues.

 

 

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